Amélie Nothomb au Furet du Nord - Lille le 28 septembre 2005
L'attente:
Nous
arrivons au Furet du Nord vers 15h, juste après avoir mangé (hé
oui mon emploi du temps ne m'a pas permi cette faveur plus tôt). Quinze
heure,
c'est aussi l'heure du début de la séance de dédicace d'Amélie Nothomb.
Autant
dire que nous serons loin d'être les premiers. Et pour cause, la queue
s'étend jusqu'aux rayons du 1er étage, alors que cela se passe au 2e
étage. Outre les éternels pressés, qui veulent grapiller la moindre
place comme si leur vie en dépendait, l'attente se passe sans problème
majeur, jusqu'à ce qu'une personne de la sécurité eut la bonne idée de
bouger la file d'attente afin que celle-ci reste collée à l'escalier,
au lieu de se poursuivre dans les rayons du 1er étage. Et là c'est
le drame. On perd une place, tandis qu'une femme BCBG devant commence à
prendre à partie deux jeunes filles qui tentent de raccourcir leur
durée d'attente d'environ 30 minutes. Elles sont renvoyées au bout de
la file,
ouf, la justice existe. La tension augmente au même rythme que celui
auquel nous nous rapprochons du 2e étage, lentement mais surement.
J'avais déjà rencontré l'écrivain l'an
dernier, elle prend vraiment du temps pour chaque personne. Il n'y
avait aucune raison qu'elle ait changé depuis. Sur le programme du
magasin, il était écrit qu'Amélie Nothomb ferait une interview à 17h.
A 16h30, nous étions à peine dans la dernière ligne droite, et les
personnes aux alentours commençaient à perdre espoir, tout comme nous d'ailleurs.
Finalement, nous apprenons que l'interview est décalée de 45 minutes,
tellement les lecteurs se sont déplacés en masse (plus de 500 selon un
journal local !). Un homme prend un micro pour signaler qu'Amélie
Nothomb fait une pause de dix minutes, alors qu'il ne reste plus qu'une vingtaine de
personnes devant nous. Dix minutes de plus ou de moins, après 2h d'attente, ça devient une futilité. Et bonne
nouvelle, les caméras des journeaux télévisés sont partis, je prefère
une rencontre intime. Amélie revient à sa place, il est aux alentours
de 17h15.
Je n'aime pas, lors d'une dédicace, faire un sourire béât
et partir, sans dire un mot. L'an dernier, je lui avais parlé de mon
cours de droit belge: le professeur l'avait citée en référence parmi
les illustres personnages du pays. Elle était ravie. Cette année, d'une part je ne
fais plus de droit belge, et d'autre part, même si elle ne se souvient
plus de moi, je ne vais pas redire la même chose. Va falloir innover.
J'ouvre Antéchrista:
"Pas méfiant, le jeune porc alla chercher un bout de papier. Pendant qu'il y notait les coordonnées de Christa, je sortis l'appareil jetable et pris quelques photos de ce personnage légendaire. Il valait le détour, le David Bowie des cantons de l'Est. S'il ressemblait au chanteur aux yeux vairons, alors moi je ressemblais à la Belle au Bois Dormant."
Je tenais mon sujet. C'est notre tour.
La rencontre:
Elle
nous demande nos prénoms, et pendant que je lui demande si la référence
à David Bowie n'était qu'une simple allusion à un chanteur, ou
le signe d'une réelle admiration, elle signe les livres de Lou Métaphysique des tubes et Robert des noms propres, puis les miens, Robert des noms propres et Antéchrista.
- Mais David Bowie est le plus bel
homme du monde, vous ne trouvez pas?
- [je pense un instant à citer Michael Jackson, puis me ravise] Si, enfin...
- Bien sûr, Lou pense que c'est
vous, et elle a bien raison, mais Bowie, quand même !
- Je vous
remercie! (rires) J'avais lu dans une interview que vous n'écoutiez que
de la musique classique, et surtout Bach, d'où mon étonnement de voir
le nom de Bowie.
- Mais ça n'est pas incompatible! Vous savez, je suis également fan de Muse et Radiohead !
- Nous aussi! Et des Doors aussi...
- Ah, nous avons tous de bon goûts!
Nous repartons, j'en ai oublié de lui faire la bise. Zut !
Analyse:
Amélie Nothomb connait ses
lecteurs par coeur, principalement des jeunes. Et même
si l'évocation de noms de groupes tels que Muse ou Radiohead montrent
qu'elle reste au contact de musique de qualité (si si!), je doute que
cela soit totalement vrai. Après tout, Amélie Nothomb est aussi un
concept, un produit commercial. Quand les fans savent que leur auteur
préféré écoute la même musique qu'eux, l'identification est encore plus
poussée, et elle s'assure qu'ils achèteront son prochain livre. Chose
qui ne nous concerne pas, nous ne sommes pas fans! Cela reste
impressionnant de voir des lycéennes discuter après la dédicace "dire
qu'elle a posé sa main sur mon livre!".
Le mystère Amélie Nothomb reste complet, elle a gagné.
[photos: Lou & Brigitte - une femme dans la file d'attente!]