Irréversible
Irréversible, le nom du film évoque un parfum de scandale, à la manière de Baise Moi ou de Orange Mécanique.
Je me souviens que lors de l'avant
première au Festival de Cannes de 2002, des invités étaient sortis en plein milieu du film, déclarant
devant les caméras de télévision que ce film était "insoutenable". Oui et non.
Le
film débute dans un chaos total, un homme d'un cinquantaine d'années,
complètement nu, parle avec quelqu'un qui semble être son compagnon de
cellule. Puis la caméra sort de cette pièce et entre dans une boite de
nuit, Le Rectum, "une boite de pédés"
(dixit Marcus, alias Vincent Cassel). Le décor est sombre, la caméra
tourne sans cesse sans vraiment nous laisser voir ce qui s'y passe,
allant jusqu'à donner la nausée. On tombe ici et là sur des scènes
homos, au fur et à mesure de la visite de Marcus et Pierre (Albert
Dupontel) dans le club. On comprend qu'ils cherchent quelqu'un, et
Marcus est difficilement contrôlable.
Irreversible,
c'est l'histoire
racontée à l'envers. Le début est la fin de l'histoire, et le film
remonte dans le temps après chaque scène clé. Et j'ai envie de dire
heureusement, car les images du début sont difficilement supportables,
tant la scène dans la boite de nuit que celle du viol d'Alex (Monica
Bellucci), d'un réalisme et d'une violence rares. La musique enfonce
l'état de malaise du spectateur, tout comme dans Orange Mécanique. Et
c'est sûr que les
personnes qui arrêtent la projection du film après ces deux scènes
ressortent
dans un état déplorable. Ceux qui restent continuent de remonter dans
le temps, là où rien de tout ça n'était prévisible. Les personnages
deviennent plus attachants, en quelque sorte humanisés (cf: la scène
dans le
métro). Les images choquantes, même si elles restent présentes, sont
relativisées.
La durée de chaque prise est impressionnante, car
chaque épisode du flash back est filmé en une seule fois. La prise peut
donc durer 5 minutes (certainement plus), sans coupure. Les personnages
évoluent dans l'appartement, dans une fête ou dans le métro en temps
réél, et semblent n'avoir aucune ligne directrice, tant
au niveau des dialogues que de leurs allées et venues. C'est là tout leur talent.
(photo trouvée sur filmdeculte)