Ralph, de Michael McGowan
Certes le ridicule ne tue pas. De même, toucher le fond est une chose,
mais en redéfinir la profondeur est admirable. Michael McGowan
n'avait aucunement besoin de nous en faire la preuve. Non seulement le
film tente de reprendre tous les filons du mélodrame, mais encore il
insiste sur des points dont l'existence même parait superflue.
Autrement dit, le film est d'une longueur impressionnante, malgré ses
1h38 au compteur.
Prenez une école catholique des années 50, un curé
en chef sévère et à côté de la plaque, un ado prépubère rebelle,
rejetté par ses camarades, dont le père est mort à la guerre, et dont
la mère est dans le coma. Vous avez la trame de Ralph, digne des
épisodes les plus noirs de Princesse Sarah. Sympa pour les gosses. (cf: le sketch de
Bigard - "vas-y Bobby!")
Seul un miracle pourra reveiller la mère,
et seul un miracle pourra faire gagner Ralph au marathon de Boston, lui qui a été puni à assister aux cours
d'endurence. Le petit s'entête donc à ses rêves
de course à pied, comme dernier rempart à la mort de sa mère.
La
révélation qu'il est capable de gagner vient d'un cours de gymnastique,
pendant lequel il chute de la corde lisse. Dieu lui apparait, déguisé
en Père Noël. Chapi-chapeau, il fallait la trouver celle-là. Un
blasphème vite réparé par la répétition de l'importance de la prière et
de la foi. Sur le plan visuel, peintures de la vierge ou croix aux murs
dans quasiment toutes les scènes intérieures, quand le décor n'est pas
lui-même une église, le tout arrosé de bons sentiments. C'est tout ce
que j'aime.
Les
scènes tristes sont automatiquement agrémentées de musique douce
(violon, piano), dans l'hypothèse où l'image ne serait pas assez
convaincante pour tirer quelques larmes au spectateur. Enfin, lors
de la course de Boston, l'arrivée de Ralph commentée avec un
pseudo-suspens ne m'a procuré d'autre émotion qu'un sourire en pensant
à la Procession Télévisée de Coluche ("Aucun ne semble en mesure d'emporter la décision alors que nous abordons le dernier
virage mais soeur Marie Berthier vient du diable Vauvert faire l'extérieur !").
Bon point tout de même, l'utilisation d'une réprise de Leonard Cohen, Hallelujah.